Hindouisme
L’étude de l’hindouisme nous place devant un grand paradoxe. Sa diversité est étourdissante et son manque d’autorité centrale rend difficile la reconnaissance d’une pratique et d’une croyance officielle. L’hindouisme est pluriel, recouvrant un ensemble de croyances et de pratiques religieuses issu de l’Asie du Sud. Cependant, il est possible de relever des points communs ainsi que des divergences avec le catholicisme.
Le divin
Les catholiques et les hindous croient au divin : l’auteur de la création, l’origine de toute chose, l’unité de tout ce qui vit, le tout-puissant. On peut voir dans les différences ci-dessous que ce divin est différent dans les deux traditions, mais il importe de dire que tous deux reconnaissent l’existence d’un être ou d’un esprit divin (CÉC 199; NA 2); (Gabriel & Geaves, 2007, p. 82).
Les catholiques croient que par Jésus, en Jésus et avec Jésus se rétablit le lien d’amitié avec Dieu. (Col 1, 15-17; Ac 17, 28; CÉC 425). Les hindous croient en l’unité inhérente de tout ce qui existe, et cette unité est divine (Gabriel & Geaves, 2007, p. 82; Guénon, 1989, p. 28; Esposito, Fasching, & Lewis, 2002, p. 282; Van den Hengel, 2011, p. 238).
Il existe une certaine similitude entre les traits du Dieu des catholiques et ceux des trois déités principales des hindous. Les trois déités principales de l’hindouisme sont Brahma, Vishnu et Shiva. Brahma représente le rôle du créateur; Vishnu, celui qui préserve, qui protège et qui sauve; Shiva, le destructeur (Van den Hengel, 2011, p. 245; Esposito, Fasching, & Lewis, 2002, pp. 290-298; Gabriel & Geaves, 2007, pp. 84-85). On peut voir un parallèle entre le Dieu des chrétiens et le rôle de Brahma. Dieu est créateur de tout l’univers (Gn 1–2). Il est aussi possible de voir Dieu dans le rôle de Vishnu, car le Seigneur protège et libère son peuple, notamment en envoyant son Fils pour sauver tous les humains (Jn 3, 16). Il est plus difficile de voir ce que Dieu peut avoir de commun avec le rôle de Shiva, le destructeur. Il s’agit de comprendre cette destruction. Tout d’abord, Shiva détruit le péché des humains, chose que Dieu fait en pardonnant (Ps 103, 3); il détruit la mort et nous offre la vie éternelle (1Co 15, 26). Puis, Shiva détruit l’univers pour que Brahma puisse le recréer (Van den Hengel, 2011, p. 245; Esposito, Fasching, & Lewis, 2002, p. 292).
Les catholiques croient en un seul Dieu, Père, Fils et Esprit-Saint. Ce Dieu a créé l’univers et s’est révélé aux êtres humains par sa Parole et par son intervention dans l’histoire. Le Dieu de Jésus est un Dieu personnel. Il a un nom, il entre en relation (CÉC 200-203). Les hindous croient en une divinité, appelée Brahman. Brahman est une nature et non pas une personne. Brahman est la force qui relie tous les aspects de l’univers entier, car tout est un. Pour exprimer toutes les facettes de Brahman, il faut plusieurs déités, chacune mettant en valeur une caractéristique de Brahman. Plusieurs personnes choisissent une déité particulière à adorer, mais généralement elles en vénèrent d’autres aussi (Esposito, Fasching, & Lewis, 2002, p. 320; Gabriel & Geaves, 2007, p. 84; Van den Hengel, 2011, pp. 238, 244).
La prière
La méditation est très importante pour les catholiques comme pour les hindous. Dans les deux traditions, la méditation est une forme de prière. La différence est traitée ci-dessous.
Il y a, dans la tradition catholique et la tradition hindoue, des pratiques mystiques qui permettent une union profonde et personnelle avec Dieu. Dans le catholicisme, on peut penser à des grands mystiques comme Sainte Thérèse d’Avila, Sainte Catherine de Sienne et Saint Jean de la Croix (CÉC 2014) qui décrivent leur expérience de rencontre avec Dieu, sa possibilité, ses joies, ses défis, ses moyens. Dans l’hindouisme, la pratique de la méditation est considérée mystique, et ses pratiquants découvrent l’unité de l’être avec le divin (Van den Hengel, 2011, p. 248).
Le corps est profondément impliqué dans la prière catholique. Puisque nous sommes des êtres à la fois spirituels et physiques, notre spiritualité s’exprime par notre corps, qui est notre moyen de communication avec le monde extérieur. La position de notre corps est importante comme expression et comme facilitation de la prière : debout, assis, à genoux, prostré, etc. (CÉC 2702-2703)
Les hindous aussi valorisent beaucoup le mouvement du corps et l’usage des cinq sens dans la prière, même si la méditation est un moyen pour s’en séparer. Lors d’un acte de dévotion, par exemple, les images que l’on voit, les odeurs que l’on sent, les objets que l’on touche, les chants et les sons que l’on entend et les aliments que l’on goûte font intrinsèquement partie du rite. Il y a également des positions physiques qui correspondent aux différents objectifs spirituels (Esposito, Fasching, & Lewis, 2002, p. 324; Van den Hengel, 2011, p. 235).
La tradition catholique fait usage d’objets, tels des statues, des images et des crucifix pour aider dans la prière. Les déités hindoues sont représentées par une image ou une statue placée sur un autel dans un temple ou dans une maison privée. Là où les deux religions diffèrent est dans l’usage de ces représentations. Les catholiques voient une image d’un saint comme un rappel d’une personne qui a vécu une vie exemplaire et le crucifix comme un rappel du don que Jésus a fait de sa vie; dans l’Eucharistie, le Christ se rend présent pour nourrir les personnes, les unir à lui et les unes aux autres. Dieu n’est pas présent dans ces images, qui ne servent que d’inspiration. Les statues et les icônes sont des symboles qui nous renvoient à Jésus (SC 111). Les hindous adorent la divinité présente dans l’image en lui offrant de la nourriture, de la lumière, des fleurs ou d’autres objets. Ce rite se nomme Puja (Van den Hengel, 2011, p. 235; Esposito, Fasching, & Lewis, 2002, p. 324).
La méditation catholique implique la rencontre de Dieu par l’imagination, la réflexion et l’émotion (CÉC 2705-2708); la méditation dans l’hindouisme est l’acte de faire le vide en et autour de soi afin de saisir l’illusion qui empêche de voir que le soi et le divin sont un (Van den Hengel, 2011, p. 250).
Dans l’hindouisme, il existe un son sacré, une syllabe qui intègre les trois fonctions principales de la divinité : la création, la vie et la destruction. Il représente aussi le divin, la réalité, le soi et l’illusion. Ce son, AUM (prononcé a-ou-mm), est la plénitude (Esposito, Fasching, & Lewis, 2002, p. 285; Van den Hengel, 2011, p. 249). Dans le catholicisme, il n’y a pas d’équivalent strict, sauf peut-être la ‘prière de Jésus’, basée sur le rythme de la respiration.
La morale
Les catholiques et les hindous ont tous deux un sens aigu du devoir moral.
La loi morale naturelle que les catholiques reconnaissent comme fondement de l’agir peut se comparer au dharma dans l’hindouisme. C’est la conscience profonde qui sous-tend tout comportement selon la condition de vie, la vocation, le devoir de chacun (CÉC 1957). Le dharma demande une pleine présence et une action selon la situation d’une personne dans la vie. Dans l’hindouisme, cette situation personnelle prend souvent la forme de la caste, chacune ayant ses devoirs propres (Esposito, Fasching, & Lewis, 2002, p. 287; Van den Hengel, 2011, p. 239).
Le catholicisme et l’hindouisme appellent leurs adeptes au dépassement personnel : il ne faut pas rester pris dans son égo en oubliant le monde et les autres. Pour les catholiques, c’est une question de se détacher de soi pour laisser la place à Dieu et au prochain (Lc 10, 25-37). Pour les hindous, c’est de se détacher de soi pour voir le monde tel qu’il est : interconnecté, divin (Esposito, Fasching, & Lewis, 2002, p. 289).
La non-violence est un concept-clé dans chacune des deux religions. Les catholiques croient en la dignité fondamentale de chaque être humain, dont la vie est sacrée, et le respect à porter à tout être (CDSÉ 132; CÉC 2258). Les hindous appellent cette manière de vivre ahimsa (Esposito, Fasching, & Lewis, 2002, p. 317; Van den Hengel, 2011, p. 239). Les hindous croient que chaque être vivant porte une trace de Brahman en soi et que de faire mal à un être c’est de faire mal à soi et à Dieu (Esposito, Fasching, & Lewis, 2002, pp. 301, 282).
L’objectif ultime des catholiques est d’accueillir le Royaume de Dieu et d’y rester éternellement avec celui-ci. Nous appelons largement ce concept salut, être sauvé. Le salut est un don offert par Dieu aux personnes qui ont la foi. Cette foi est démontrée par de bonnes œuvres, mais le salut dépend de la foi, et non pas des œuvres (CÉC 1992.2016; Jc 2, 14-26; Rm 5,1). L’objectif ultime de l’hindouisme est de mettre fin au cycle de vies et de morts (samsara). La libération de ce cycle (mokcha), est atteinte par la pratique de trois yogas – disciplines spirituelles ou morales. Ces chemins sont la conscience, la dévotion et les bonnes œuvres. Le choix du chemin à poursuivre dépend grandement de la caste d’une personne. Par exemple, les membres des castes inférieures se concentreront sur la dévotion ou les bonnes œuvres afin d’accumuler le karma nécessaire pour arriver à atteindre une caste plus élevée. Les membres de castes élevées tendent à choisir la conscience, atteinte par la méditation pour saisir l’union de l’atman et du Brahman, le soi et le divin (Esposito, Fasching, & Lewis, 2002, p. 284; Van den Hengel, 2011, p. 248).
Le temps
Comme le catholicisme, le calendrier hindou est parsemé de fêtes pour faire mémoire d’évènements ou honorer le divin (Esposito, Fasching, & Lewis, 2002, pp. 324-331).
Pour le catholicisme, la nature est un endroit où l’on peut rencontrer Dieu (Sg 13, 1-9; Ps 8; DV 6). Le lien avec les saisons est plus subtil, mais il existe. Pâques, la célébration de la résurrection de Jésus, exploite le symbolisme de la nouvelle vie qui renaît au printemps. Noël, qui tombe à quelques jours du solstice d’hiver, profite d’un lien parfait avec la lumière qui naît dans l’obscurité. Les temps liturgiques sont aussi, en quelque sorte, des saisons autour desquelles la vie se construit (SC 102-105); la bénédiction des rogations et l’action de grâce (Thanksgiving) sont liées au rythme des semailles et de la moisson. L’hindouisme est une religion qui est particulièrement consciente de la nature, dans ses saisons et ses moments de semence et de récolte. Plusieurs rites font référence d’une manière ou d’une autre au cycle de fertilité de la terre ou de la femme (Esposito, Fasching, & Lewis, 2002, pp. 328-330).
Le catholicisme et l’hindouisme conçoivent le temps de manières très divergentes. Pour le catholique, le temps a un début et une fin, tous deux déterminés par Dieu qui est le maître du temps (CÉC 1048). Le temps est donc linéaire, comme un voyage. Il y a un point d’origine et une destination, avec plusieurs arrêts le long de la route. Pour l’hindou, le temps est cyclique. Il n’y a pas un début et une fin, mais plusieurs. À chaque fois que la création est détruite, elle est recréée, toujours en boucle. Il en va de même avec les cycles de la vie (Van den Hengel, 2011, p. 237).
Les fondements
Les catholiques croient que Dieu fait sa demeure en nous et que nous manquons souvent de le reconnaître. (Jn 14, 23). « Je te cherchais au dehors, mais tu étais au-dedans » (Saint Augustin, Confessions, Livre X, chapitre XXVII, verset 38). Les hindous aussi croient que le divin (Brahman) habite en chaque être vivant, mais qu’ils sont trop préoccupés et distraits pour y avoir accès (Van den Hengel, 2011, p. 238).
Les catholiques croient en la résurrection. Cela veut dire que les humains ont une seule vie et meurent une seule fois (He 9, 27). Ils croient qu’à la fin des temps, Dieu les relèvera de la mort, comme Jésus au jour de Pâques (CÉC 1013). Les hindous croient en la réincarnation. Ils croient que tout être vivant passe par un cycle récurrent de naissances, morts et renaissances. Ce cycle s’appelle samsara. L’objectif de la vie selon les hindous est mokcha, la libération de samsara. Pour ce faire, il faut accomplir de bonnes actions et faire son devoir (dharma). De cette manière, une personne peut accumuler un bon karma, qui lui permettra d’être réincarnée dans une situation plus près de mokcha (Gabriel & Geaves, 2007, p. 84; Van den Hengel, 2011, p. 237; Esposito, Fasching, & Lewis, 2002, p. 323).
Comme les catholiques ne croient pas à la réincarnation, il n’y a pas de « prochaine fois » (LG 48), ce qui confère à l’existence actuelle une grande consistance et importance. Chaque personne est responsable dès maintenant de rendre la vie plus juste pour tous. (CÉC 1916) Pour les catholiques, chaque personne humaine a une dignité fondamentale égale (CÉC 2258; CDSÉ 132); elle est appelée à devenir enfant de Dieu. Le concept de dharma dans l’hindouisme est un certain sens du devoir, différent pour chaque personne selon sa classe sociale et le statut de sa famille. Chaque caste se voit assigner des tâches, des responsabilités et des attitudes traditionnelles, et c’est en les accomplissant fidèlement qu’il est possible d’atteindre une meilleure caste au cycle suivant (Van den Hengel, 2011, pp. 237, 239; Esposito, Fasching, & Lewis, 2002, pp. 286-287).
Les catholiques croient que Dieu se révèle à eux à travers le cosmos, dans leur condition humaine corporelle, à travers leurs aspirations et leur facultés (CÉC 1.31-35). Dieu habite en chaque personne et c’est en découvrant Dieu et sa volonté en soi que l’on devient vraiment soi-même (Jn 14, 23). Les hindous croient que s’ils se détachent de leur corps, de leurs pensées, de leurs sentiments et émotions, qu’ils trouveront leur « soi » profond, appelé « atman ». L’atman est un fragment de Brahman, chaque personne est un fragment du divin. On ne devient vraiment soi-même que lorsqu’on renonce à tout ce qui fait son identité (Van den Hengel, 2011, p. 238; Esposito, Fasching, & Lewis, 2002, p. 282).
Les catholiques croient en un Dieu qui a créé le ciel et la terre, ce qui veut dire que les êtres créés sont distincts de lui (et non pas une émanation) et qu’ils ont leur consistance propre. L’être humain est corps et âme : sa personnalité ne réside pas dans l’âme seule (ce qui en ferait un ange), mais dans une âme unie substantiellement à un corps; cela fait que l’âme est profondément marquée par le corps et les expériences qu’il vit; l’âme ne peut changer de corps, comme on le ferait pour un vêtement qui demeure une réalité extérieure. Tout cela donne une valeur fondamentale à l’existence humaine actuelle : en elle se tisse déjà le destin éternel. Dans l’hindouisme, l’âme est la réalité importante et le corps quelque chose qui lui est extérieur et par conséquent interchangeable (Charbonneau & Deraspe, 2002, p. 28).
Les catholiques croient en la résurrection : ce qui signifie que le corps qui leur est propre est associé nécessairement au destin ultime de l’être humain : se trouver en présence de Dieu. Cette foi est basée sur la résurrection du Christ : son corps transformé entre dans la vie, d’une façon nouvelle. Les hindous croient en un cycle presque infini de naissances et de renaissances. Un certain fatalisme peut apparaître : si je suis dans une bonne situation actuellement, c’est que je l’ai mérité dans une vie antérieure; si je suis dans une mauvaise situation (pauvreté, maladie), c’est que je l’ai mérité dans une vie antérieure. Il ne convient donc pas de changer ma situation ni celle des autres. De cette vision peuvent jaillir l’indifférence au sort des autres et un certain immobilisme social.
Rites & fêtes
Chacune des religions a un ensemble de rites pour marquer le passage d’une étape de la vie à une autre. Il s’agit d’un accueil par la communauté ou par le peuple plus large, de rites pour le passage à l’âge adulte, du mariage et de rites entourant la mort.
Les catholiques et les hindous aiment bien célébrer même si les fêtes que chaque groupe souligne sont très différentes. La grande fête pour les catholiques est celle de la résurrection du Christ : Pâques (SC 102), précédée par le temps du Carême et la Semaine Sainte; Noël revêt aussi une grande importance, de même que d’autres éléments du mystère du Christ, de la Sainte Vierge et des saints et saintes. Pour les hindous une des fêtes majeures est Mahashivaratri, une célébration de la vie de la divinité Shiva (Esposito, Fasching, & Lewis, 2002, p. 329). L’hindouisme compte plusieurs centaines de fêtes, car chaque déité a son festival de dévotion. On pourrait en faire une comparaison très générale avec le calendrier des fêtes des saints catholiques, où l’Église honore un saint ou une sainte habituellement le jour de l’anniversaire de sa mort (SC 104). Mais attention : les saints sont des personnes humaines que l’on honore; les déités sont des dieux que l’on adore.
Pour les catholiques, le nom d’un enfant fait partie de son identité et, traditionnellement, ils choisissent des noms qui offrent à l’enfant un exemple de vie, comme le nom d’un saint ou du parrain ou de la marraine (CDC 855). Pour les hindous aussi le nom dit beaucoup de la personne que l’enfant devrait devenir ainsi que de sa provenance. Il y a des traditions précises – namkaran –, habituellement accomplies le douzième jour, pour nommer un bébé. Ce nom doit comporter certains éléments pour exprimer la caste, la famille et la déité à laquelle un enfant est destiné à être dévot (Esposito, Fasching, & Lewis, 2002, p. 327; Van den Hengel, 2011, p. 241).
Les catholiques ont les sacrements qui sont signes concrets de la présence de Dieu lors de différentes étapes dans leur vie humaine et leur vie de foi. Ils sont les sacrements d’initiation : le baptême, la confirmation et l’Eucharistie; les sacrements de guérison : le pardon et l’onction des malades; et les sacrements d’engagement : le mariage et l’ordre (CÉC 1212). Pour les hindous, la vie est divisée en quatre étapes progressives : les études, la gestion de la maison, la retraite et l’ascétisme itinérant. Essentiellement, il s’agit de bien accomplir le devoir du moment. Le devoir d’un enfant est d’apprendre. Quand il devient adulte, il a la responsabilité de se marier et gérer sa maison et sa famille. Une fois que sa famille ne dépend plus de lui, il peut se retirer pour se centrer sur le spirituel. Lorsqu’il est prêt, il peut laisser sa maison et ses possessions afin de se dévouer entièrement à la recherche de sa libération (mokcha). Ces moments ne sont pas sacrés en soi, mais ils sont un guide pour bien accomplir le dharma et ainsi atteindre mokcha. Cette pratique est surtout réservée aux mâles des trois premières castes. Habituellement, les ouvriers et les intouchables (membres de la caste inférieure rejetés par l’ensemble de la société) n’ont pas les moyens de se retirer et de se consacrer à la recherche spirituelle (Esposito, Fasching, & Lewis, 2002, pp. 287-289; Van den Hengel, 2011, p. 241).
Les rituels reliés à la mort sont particulièrement importants dans toutes les religions. Puisque la résurrection est attendue dans la foi chrétienne, les rites funéraires rappellent cette réalité : respect du corps de la personne défunte, cierge pascal allumé, lectures bibliques correspondantes, de l’encens qui monte vers Dieu, les paroles qui évoquent la vie éternelle (CÉC 1685; SC 81), sépulture dans un cimetière, croix sur le cercueil ou au lieu d’inhumation; prière pour les défunts; vénération des saints et des saintes, qui continuent de vivre en Dieu. Les hindous vivent tout autrement cette étape, car cette religion croit en la réincarnation. Le rite funéraire est axé vers ce qui aidera le défunt à bien quitter cette vie pour en entreprendre une autre. Le corps est toujours incinéré, et les cendres sont préférablement versées dans le Gange, la rivière sacrée de l’Inde. Si ce n’est pas possible, on les verse dans un autre cours d’eau à haut débit ou dans l’océan (Esposito, Fasching, & Lewis, 2002, p. 328; Van den Hengel, 2011, p. 242).
Signes & symboles
Les catholiques et les hindous peuvent porter des symboles religieux pour signifier leur appartenance et leur dévotion à leur religion. Les catholiques portent souvent une croix autour du cou, tandis que les hindous peuvent porter un bindi (point sur le front), marquant l’endroit du sixième chakra qui est le siège de l’intuition et la vision spirituelle.
Les grands symboles pour l’hindouisme sont :
- Le fil sacré : trois fils tressés représentant les trois principales déités, les trois principaux Védas et le passage de l’enfance à l’âge adulte. Ce fil peut être porté par des mâles dès l’âge de sept ans. Une fois qu’un garçon reçoit ce fil lors d’une cérémonie spéciale où il devient étudiant et rencontre son guru, il ne doit plus l’enlever, même pour se baigner (Van den Hengel, 2011, pp. 241-242; Esposito, Fasching, & Lewis, 2002, p. 327).
- Le signe « om » : la syllabe sacrée écrite en sanskrit. On voit ce symbole calligraphié sur des murs, en forme de bijou, gravé dans les surfaces dures (Esposito, Fasching, & Lewis, 2002, p. 285; Van den Hengel, 2011, p. 249).
Les textes sacrés
Les catholiques et les hindous se réfèrent à des textes sacrés pour vivre leurs croyances, choisir leur mode de vie, célébrer leurs rites et préciser leurs comportements.
Dans les deux cas, des traditions orales, mémorisées et racontées de génération en génération furent rassemblés pour former les textes sacrés. Ce n’est que bien plus tard que ces enseignements, histoires, mythes, évènements ont été mis par écrit pour la lecture de la postérité (Esposito, Fasching, & Lewis, 2002, p. 280; Van den Hengel, 2011, p. 242; Burkett, 2002, p. 124); (DV 7-8).
Pour les catholiques, la foi a deux sources : les Écritures Saintes dans lesquelles se révèle Dieu qui communique à son peuple, et la Tradition, l’ensemble des enseignements et autres écrits transmis par les chrétiens qui nous ont précédés (DV 8-9; CÉC 81). Pour les hindous, il y a deux types de textes sacrés : les écritures révélées et les écritures traditionnelles. Les premières sont dites révélées parce que les hindous croient que ces textes ont été donnés par les déités à des personnes particulièrement saintes de la caste des brahman. Ce corps de textes contient les Vedas, surtout des indications liturgiques et leurs explications, et les Upanishads, des récits de conversations entre un maître sage et son élève pour l’aider à comprendre les Vedas. Les écritures traditionnelles contiennent surtout des histoires qui mettent en scène les différentes déités donnant l’exemple de comment vivre selon le dharma. C’est un corps de textes qui met en valeur la dimension morale de la religion hindoue. Dans ces écritures traditionnelles, nous retrouvons le récit du Bhagavad gita, un des textes les plus célèbres de l’hindouisme (Van den Hengel, 2011, p. 243).
Les textes sacrés des deux religions proposent des chemins de salut. La Bible raconte l’histoire du salut du peuple de Dieu, culminant en la venue de Jésus pour sauver toute l’humanité (CÉC 52; DV 14.17). Les textes hindous tracent un chemin de vénération des déités et d’action morale selon la place qu’occupe une personne dans la vie, les moyens d’atteindre mokcha (Van den Hengel, 2011, p. 243).
La Bible raconte la relation entre Dieu et son peuple, fermement ancrée dans des évènements de l’histoire du peuple. En relisant ces évènements, le peuple a pu déceler la présence et l’action de Dieu (CÉC 52-53.128). Les textes hindous se centrent surtout sur des instructions pour la dévotion et sur des histoires mythologiques sur la vie des divinités qui doivent inspirer le comportement moral des adeptes. Il semble que la véracité de ces histoires est peu importante pour la moyenne des gens (Van den Hengel, 2011, pp. 242-243).
Les écritures saintes du catholicisme et de l’hindouisme viennent de mondes radicalement différents l’un de l’autre. La Bible a ses origines dans le bassin de la mer Méditerranée, c’est-à-dire en Israël/Palestine, Égypte, la péninsule du Sinaï, Syrie, Asie mineure et vers l’ouest jusqu’à Rome (Burkett, 2002, pp. 20-21). Les écrits hindous viennent de la région du subcontinent Indien (Van den Hengel, 2011, p. 232; Gabriel & Geaves, 2007, p. 82).
Les textes bibliques sont rédigés en hébreu, grec et araméen (Burkett, 2002, p. 29), tandis que les textes hindous sont surtout rédigés en sanskrit (Van den Hengel, 2011, p. 233).