Islam
L’islam est l’une des religions dont nous entendons parler le plus dans la société d’aujourd’hui. Comptant plus d’un milliard d’adeptes, l’islam est la deuxième plus grande religion du monde et il croît rapidement. Il est, avec le judaïsme et le christianisme, la troisième religion monothéiste (croyant en un seul Dieu), se réclamant d’une certaine façon de la même histoire fondatrice et des mêmes ancêtres. Beaucoup de similitudes en résultent, ce que nous tendons à oublier devant les grandes différences.
Le divin
Les catholiques et les musulmans sont des monothéistes : ils professent l’existence d’un seul Dieu (CÉC 200) (Van den Hengel, 2011, p. 209; Robinson & Rodrigues, 2006, p. 128).
Dans les deux religions, Dieu est le créateur de tout ce qui existe (CÉC 279). En fait, les textes musulmans ne racontent pas l’histoire de la création car ils considèrent que cette histoire a déjà été écrite dans la Bible hébraïque (Robinson & Rodrigues, 2006, p. 129; Van den Hengel, 2011, p. 210; Esposito, 2001, p. 182; Amor, 2008, p. 13).
Les catholiques et les musulmans sont d’accord pour dire que Dieu agit et se révèle à travers l’histoire et la parole. Il a choisi un peuple, il a parlé à ses prophètes, il a fait connaître sa volonté aux humains. Il est possible de connaître Dieu dans la nature, dans l’histoire et dans les Écritures. Cependant, pour les catholiques, la Parole de Dieu est incarnée en Jésus lui-même (CÉC 52; DV 6); (Esposito, 2001, p. 194; Amor, 2008, p. 25; Robinson & Rodrigues, 2006, p. 136).
Communément, les catholiques et les musulmans appellent la divinité « Dieu » – « Allah » en arabe (devenu le nom propre pour désigner le Dieu de l’Islam) (Robinson & Rodrigues, 2006, p. 128; Van den Hengel, 2011, p. 207).
Les catholiques et les musulmans cultivent une relation personnelle et communautaire avec Dieu. Les deux lui donnent des noms et des titres : le Très-Haut, le Miséricordieux, le Saint, etc. (CÉC 203-204). Les musulmans attribuent à Dieu 99 noms qu’ils récitent souvent (Robinson & Rodrigues, 2006, p. 127; Van den Hengel, 2011, p. 209).
Pour les catholiques, Dieu est unique EN TROIS PERSONNES. Dieu est Père, Fils et Esprit Saint. C’est la Sainte Trinité (CÉC 234; 253-255). Pour les musulmans, cette idée de trois en un est impensable et est une atteinte à l’unicité radicale de Dieu (Robinson & Rodrigues, 2006, p. 126; Esposito, 2001, p. 197; Van den Hengel, 2011, p. 209). Toutefois leur conception de la Trinité est inexacte : en effet selon eux, elle comprend Allah, Jésus et Marie (Sourate 5, 116).
Les Musulmans refusent formellement dans le Coran le concept de Trinité; ils refusent aussi que Jésus soit Fils de Dieu (Sourate 19, 35; 43, 59; ils nient que Jésus soit mort sur la croix (Sourate 4, 157) et par conséquent ressuscité.
La prière
Les catholiques et les musulmans désignent une journée de la semaine pour la prière communautaire. Les catholiques se rendent à l’église le dimanche pour célébrer ensemble l’Eucharistie (CÉC 2174-2188), alors que les musulmans se rencontrent à la mosquée le vendredi pour prier le jumu’a.
Les catholiques, pour leur part, sont exhortés à « prier sans cesse » (1 Th 5, 17); l’Église a sa prière officielle, appelée « Liturgie des heures », qui est construite autour de la récitation des 150 psaumes, répartis sur un mois, à cinq différents moments de la journée (matin, soir, milieu du jour, avant le coucher, à un autre moment au choix) (SC 91); on y trouve aussi différents extraits de la Bible et de textes de saints. Les prêtres sont tenus de prier cette liturgie à tous les jours; les religieux et les religieuses aussi la font d’une manière ou d’une autre (PGLH 28), de même que les fidèles laïques qui le veulent. La vie des moines et moniales est bâtie autour de cette prière des psaumes qui encadre et donne un rythme à leur journée; les psaumes sont récités en pleine nuit dans l’attente de l’aurore, comme des veilleurs qui attendent le retour du Christ (PGLH 72). Ils sont récités au lever du soleil (PGLH 37-38), en matinée, à midi, en après-midi (PGLH 74), au coucher du soleil (PGLH 39), et avant le coucher (PGLH 84). Les musulmans sont tenus de prier cinq fois par jour, prière appelé le salat; les heures peuvent en être déterminées très précisément. Cette prière, qui commence par la profession de foi (et la récitation de la première sourate du Coran) rythme la vie des croyants. Dans les pays majoritairement musulmans, on entend l’appel public à la prière jusque dans les rues (Van den Hengel, 2011, p. 201; Robinson & Rodrigues, 2006, p. 140).
Le catholicisme comprend une tradition de spiritualité mystique où la personne est unie en profondeur à Dieu, dans le respect de la médiation du Christ et de l’Église. (CÉC 2014). Dans l’islam, il existe le courant Sufi qui cherche aussi cette union libre et profonde avec Allah; sa place est controversée (Robinson & Rodrigues, 2006, pp. 137-138; Van den Hengel, 2011, p. 212; Esposito, 2001, p. 217).
Les catholiques prient dans leur langue maternelle. Avant le Concile Vatican II, toute la liturgie et les fonctions officielles de l’Église s’exerçaient en latin; cette langue demeure toujours la langue officielle, pour préserver l’héritage ancien et favoriser les rassemblements internationaux; une place plus grande et quelquefois exclusive a été faite aux langues vernaculaires (SC 54). La langue sacrée de l’islam est l’arabe. Tous les enfants l’apprennent, car ils doivent savoir lire le Coran et réciter leurs prières en cette langue (Esposito, 2001, p. 194; Van den Hengel, 2011, p. 207).
Tous les catholiques, hommes, femmes et enfants, sont tenus de participer à l’Eucharistie le dimanche (CDC 1247; CÉC 2180); les femmes et les hommes sont habituellement assis ensemble. Seuls les hommes musulmans sont tenus de se présenter à la mosquée pour prier le vendredi. Les femmes peuvent y aller, mais prient dans une section à part des hommes (Van den Hengel, 2011, p. 205).
À part des moments de la messe lorsque presque toute l’assemblée est assise, debout ou à genoux, la position corporelle utilisée dans la prière des catholiques est libre à chacun; la position physique est porteuse d’une signification spirituelle (assis : le disciple qui écoute; à genoux : adoration, humilité; debout : la résurrection, le mouvement; la prière peut être orale (prononcée), mentale (intérieure); récitée, chantée; seul, en communauté). La prière musulmane est faite autant avec le corps qu’avec l’esprit et l’âme. Une position corporelle particulière correspond à chaque moment de la prière (Van den Hengel, 2011, p. 197).
Avant de prier, les musulmans font des ablutions rituelles pour se purifier (Van den Hengel, 2011, p. 206; Amor, 2008, pp. 40-44). Les catholiques n’ont pas d’équivalent.
La morale
Les codes moraux du catholicisme et de l’islam se fondent tous deux sur la dignité inhérente à chaque être humain de par sa création par Dieu (Van den Hengel, 2011, p. 210); (CDSÉ 132; CÉC 356; GS 3).
Les catholiques trouvent la source de leur pratique morale dans la Bible, d’abord et avant tout dans les 10 commandements révélés à Moïse (Ex 19) et repris et synthétisés par Jésus dans le double commandement de l’amour de Dieu et du prochain (Mt 22, 34-40), le Règle d’or (Tb 4, 13; Mt 7, 12), l’amour fraternel à la manière du Christ (Jn 13, 34); l’Église en approfondit le contenu dans le Catéchisme et les documents issus du Magistère (encycliques, exhortations apostoliques, motu proprio) (CÉC 1750). Il existe chez les catholiques un Code de droit canonique, mais ces lois s’appliquent surtout au fonctionnement de l’Église en soi et ne s’étendent pas jusque dans la vie civile (Van den Hengel, 2011, p. 214).
La morale chez les musulmans est codifiée plus systématiquement que chez les catholiques. Cette morale devient un système de lois appelé Sharia. La sharia a ses sources dans le Coran, dans l’exemple de vie de Mahomet (sunna) et dans des citations de Mahomet sur la pratique de l’islam dans son temps (hadith). Parfois ces lois ne touchent pas à une situation aujourd’hui. Dans un tel cas, on fait appel à des nouvelles interprétations d’experts. Ces interprétations s’appellent fiqh (Van den Hengel, 2011, p. 214; Esposito, 2001, p. 206; Robinson & Rodrigues, 2006, p. 132; Amor, 2008).
Le temps
Dans le catholicisme comme dans l’islam, on croit que le temps est linéaire, c’est-à-dire que le monde a un début et qu’il progresse vers sa fin. Dieu seul connaît le moment de la fin (CÉC 53-64); (Robinson & Rodrigues, 2006, p. 131).
Le calendrier grégorien, utilisé par les catholiques et tout le monde occidental, est basé sur le calendrier julien, corrigé en 1583; il commence à compter les années à partir de la naissance de Jésus, an zéro. Ce calendrier est fondé sur les années solaires.
L’an zéro du calendrier musulman correspond au moment où Mahomet s’est installé à Médine, jour appelé hijra (Hégire). Cela correspond à l’année 622 dans le calendrier chrétien (Esposito, 2001, p. 192; Van den Hengel, 2011, p. 192). Les mois du calendrier sont déterminés par la lune, mais les jours sont régis par le lever et le coucher du soleil (Van den Hengel, 2011, p. 201).
Les fondements
Les catholiques professent leur foi dans le Crédo (CÉC 186-187) : ils ont unité de confession de foi, unité de vie sacramentelle, unité de gouvernement par la succession apostolique (CEC 830; 837); ils attachent une grande importance à la prière, à l’aumône et au jeûne (CÉC 2651; 1434; 2447), à la vie transformée par l’Évangile; il existe une longue tradition de pèlerinages dans l’Église, allant jusqu’à présenter la vie comme un pèlerinage sur la terre vers la patrie céleste (LG 7).
L’islam se base sur des principes fondamentaux appelés les cinq piliers : la profession de foi (Allah est Dieu et Mahomet est son prophète), la prière, l’aumône, le jeûne et le pèlerinage une fois dans sa vie à La Mecque (Robinson & Rodrigues, 2006, p. 137; Esposito, 2001, pp. 208-212; Amor, 2008, pp. 40-51; Van den Hengel, 2011, pp. 196-199)..
Le catholicisme et l’islam sont des religions de salut. Dans les deux cas, Dieu sauve des limites imposées par l’humanité (Amor, 2008, pp. 12-13); (CÉC 1949). Cela signifie aussi que les deux religions ont une vision détaillée de la vie après la mort, avec un paradis et un enfer après le jugement dernier (CÉC 1038); la vie présente est une préparation de la vie éternelle.
Dans l’islam, il existe un concept assez controversé appelé jihad. Ce mot souvent mal traduit signifie « lutte » et peut se référer à la lutte de chaque croyant pour se soumettre parfaitement à Dieu et faire le bien (Robinson & Rodrigues, 2006, p. 131). Le concept n’est pas sans ambigüité, car dans le Coran, le jihad a aussi une dimension armée. Des versets invitent à combattre au nom d’Allah :
« Combattez-les jusqu’à ce que ne subsiste plus d’association » (Sourate 9, 39); « Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui n’interdisent pas ce qu’Allah et Son messager ont interdit et qui ne professent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu’à ce qu’ils versent la capitation par leurs propres mains, après s’être humiliés. Les Juifs disent : ‘Uzayr est fils d’Allah’ et les Chrétiens disent ‘Le Christ est Fils d’Allah’ … Qu’Allah les anéantisse » (Sourate 9, 29-30). « La récompense de ceux qui font la guerre contre Allah et Son messager et qui s’efforcent de semer la corruption sur la terre, c’est qu’ils soient tués, ou crucifiés, ou que soient coupées leur main ou leur jambe opposées, ou qu’ils soient expulsés du pays » (Sourate 5, 33).
Ce sont quelques-uns des versets dont s’inspirent les jihadistes pour justifier leurs combats. Mahomet lui-même a été un chef guerrier; les musées conservent quelques-unes de ses épées. Les Musulmans sont confrontés à la violence faite en son nom.
Dans le catholicisme, il y a le concept du « combat spirituel. (Ep 6, 10-20), dirigé contre les forces du mal, avec les armes de la Parole de Dieu, de la prière. Il s’agit du combat pour vaincre le mal et vivre selon le plan de salut de Dieu (CÉC 409; 2516). L’Église offre un enseignement précis sur les conditions pour une guerre juste (CEC 2309).
Le catholicisme se centre sur la personne de Jésus, le Christ, Parole incarnée et par conséquent définitive de Dieu (Jn 1, 14; He 1, 1-2) (CÉC 65-66; DV 2).
L’islam, bien qu’il reconnaisse à Jésus (appelé Isa) une grande importance, croit qu’il est un grand prophète, mais rien de plus. Les musulmans ne reconnaissent pas non plus les évangiles chrétiennes qui parlent de lui. Mahomet est le grand prophète de l’islam, porteur de la révélation finale; il est présenté comme le sceau de la révélation (Sourate 33, 40) (Esposito, 2001, p. 191; Van den Hengel, 2011, p. 191; Robinson & Rodrigues, 2006, p. 134).
L’islam refuse formellement dans le Coran le concept de Trinité; ils rejettent par conséquent l’idée que Jésus soit Fils de Dieu (Sourate 19, 35; 43, 59; ils nient aussi que Jésus soit mort sur la croix (Sourate 4, 157) et par conséquent ressuscité (Esposito, 2001, p. 197).
L’histoire du salut judéo-chrétien se réclame de la version biblique de l’histoire d’Abraham qui s’apprête à sacrifier son fils Isaac, suivant la demande de Dieu. Dieu intervient et sauve Isaac, assurant ainsi la continuité de la lignée d’Abraham et le peuple d’Israël issu de sa descendance (Gn 22). L’islam comprend son développement non pas à partir du sacrifice manqué d’Isaac, mais de celui d’Ismaël, fils aîné d’Abraham et d’Agar, la servante de sa femme Sara, renvoyée avec son fils dans le désert par jalousie (Gn 16). Dans cette optique, l’islam serait l’héritier « légitime » d’Abraham, non pas le judaïsme (Robinson & Rodrigues, 2006, p. 127).
Les catholiques croient que le péché est une réalité universelle dont on ne peut s’échapper que par le pardon de Dieu offert dans la mort et la résurrection de Jésus. C’est le péché originel qui a blessé l’humanité dans sa capacité de connaître la volonté de Dieu et de lui répondre (CÉC 402-403; GS 13). L’islam ne croit pas à cette idée de péché originel (Robinson & Rodrigues, 2006, p. 129; Esposito, 2001, p. 197).
Rites & fêtes
Le catholicisme et l’islam observent des fêtes pour souligner des évènements importants de leur histoire. Les catholiques fêtent la naissance de Jésus, sa mort, sa résurrection; les musulmans fêtent la naissance de Mahomet, entre autres.
Les deux religions ont des rites de passage qui soulignent le changement de l’état de vie d’une personne, comme les rites entourant la naissance, le mariage et les funérailles.
Les catholiques ont les sacrements qui sont des signes concrets de l’action de Dieu (CÉC 1118) dans leur vie quotidienne, lors de différentes étapes dans leur vie humaine et de leur vie de foi (SC 59). Les sacrements d’initiation : le baptême (CÉC 1213), la confirmation (CÉC 1285) et l’eucharistie (CÉC 1322-1333); les sacrements de guérison : le pardon (CÉC 1422) et l’onction des malades (CÉC 1499); et les sacrements d’engagement : Le mariage (CÉC 1601) et l’ordre (CÉC 1536). Le mariage scelle l’union entre un homme et une femme, image de celle du Christ et de l’Église. Le culte liturgique est important et bien développé; le dimanche est le jour de fête fondamental et hebdomadaire; il célèbre la résurrection du Christ; les fidèles baptisés sont invités à se rassembler pour célébrer l’Eucharistie, présidée par le prêtre.
Les musulmans n’ont pas de sacrements ni de clergé; ils ont des rites de passage. La circoncision est pratiquée en imitation de Mahomet qui était circoncis; le mariage établit une alliance entre un homme et une femme ainsi que leur famille (Robinson & Rodrigues, 2006, pp. 142-143; Van den Hengel, 2011, pp. 202-203). Les hommes sont invités à se rendre à la mosquée le vendredi pour prier sous la direction d’un imam.
Les catholiques vivent une période plus intense de pénitence appelée le Carême, quarante jours avant Pâques pour commémorer les quarante années du séjour des Hébreux dans le désert, les quarante jours de Jésus dans le désert et pour se préparer à la fête de Pâques. Ils sont appelés à la prière, au jeûne et à l’aumône. Le jeûne pratiqué est différent de celui des musulmans. Pour les catholiques, les modalités du jeûne peuvent varier selon les diocèses ou les régions. L’Archidiocèse d’Ottawa en dit ceci : « Les jours de jeûne comprennent un repas complet avec deux petits repas qui suffiraient pour maintenir la force et qui peuvent être pris selon ses propres besoins. Manger entre les repas n’est pas permis, cependant on peut boire » (Normes pour le Carême, 2016). Chaque vendredi est aussi jour de pénitence; la forme est laissée à chacun.
Un des rites majeurs de l’islam est l’observance du Ramadan. Cet évènement dure un mois entier pour rappeler l’accueil du Coran par Mahomet sur le Mont Hira. Pour commémorer cela, les musulmans doivent s’abstenir de manger et de boire entre le lever et le coucher du soleil pendant tout le mois (Robinson & Rodrigues, 2006, pp. 140-141; Van den Hengel, 2011, p. 201; Esposito, 2001, p. 191).Cette pratique est exigeante en particulier pendant l’été, lorsque les jours sont plus longs et plus chauds.
Signes & symboles
Le catholicisme et l’islam utilisent des signes et des symboles pour représenter certains aspects de leur foi. Certains de ces symboles, comme la croix, identifie tout de suite à sa religion la personne qui le porte. D’autres, comme une bougie allumée, sont moins évidents.
Le symbole le plus reconnu universellement pour le christianisme est la croix. Les gens la portent autour du cou, avec une chaîne; on la place sur les murs des maisons, les clochers des églises, sur les tombes des défunts.
Pour les musulmans, nous pourrions dire que c’est l’étoile et le croissant de lune, symbolisant la lumière qui sert de guide et le ciel, demeure d’Allah (Van den Hengel, 2011, p. 202). Le croissant se retrouve souvent sur la coupole des mosquées.
Les catholiques utilisent des statues, des images ou des objets dans la prière dévotionnelle. L’art religieux se développe depuis le tout début du christianisme (CÉC 2501).
Puisqu’il est interdit pour les musulmans de représenter Dieu par quelque moyen figuratif que ce soit, ils ont développé l’art de la calligraphie pour écrire le nom de Dieu et les versets du Coran (Van den Hengel, 2011, p. 209).
Plusieurs femmes musulmanes sont facilement reconnaissables au port du voile sous une forme ou une autre. Certaines portent le hijab ou d’autres vêtements couvrant la tête et parfois le corps. C’est un signe de modestie et de soumission à Dieu. L’obligation ou non de le porter est ouverte à des interprétations différentes selon les personnes et les cultures, mais il reste que le voile est un signe visible pour celles qui choisissent de le porter (Van den Hengel, 2011, p. 218; Esposito, 2001, p. 264; Amor, 2008, pp. 69-72).
Les textes sacrés
Le catholicisme et l’islam ont tous deux un texte sacré qui guide leur vie et qui inspire leur relation avec Dieu.
Plusieurs noms et évènements importants dans la Bible chrétienne se retrouvent aussi dans le Coran musulman, quoique avec de grandes différences (Robinson & Rodrigues, 2006, p. 136). On peut y trouver mention de : Adam et Ève, Caïn et Abel, Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, David, Salomon, Élie et Élisée, Jésus, Marie, l’ange Gabriel, Jean Baptiste et les Apôtres.
Les catholiques sont appelés à étudier et connaître la vie de Jésus afin de l’imiter. Les musulmans sont appelés à étudier la vie de Mahomet et de la prendre comme modèle : « Vous avez dans le messager d’Allah un excellent modèle » (Sourate 33, 21).
Le texte sacré du catholicisme est la Bible. Dans sa première partie appelée Ancien Testament, elle comprend des textes que les Juifs reconnaissent également comme Parole de Dieu; la seconde partie regroupe les écrits propres aux chrétiens (Évangiles, écrits des apôtres).
Celui des musulmans est le Coran. Il comprend 114 sourates (ou chapitres), classées par ordre de grandeur décroissante, et réparties en versets. Chacune a un titre propre et l’indication de la période de sa proclamation (médinoise ou mecquoise). Ce texte serait une copie du Coran éternel, préservé sur une tablette auprès d’Allah (Sourate 85, 22). Il ne comprend aucun des textes des prophètes de la Bible ni de l’enseignement de Jésus dans l’Évangile Il présente certains récits bibliques, dans une version assez différente, souvent proche des textes du Talmud juif et des Évangiles apocryphes.
Les catholiques croient que Dieu a inspiré des personnes humaines pour écrire des textes et des récits contenant sa révélation (DV 11; CÉC 106), dans des textes aux genres très diversifiés (récits, poèmes, textes législatifs, paraboles). Leur interprétation est confiée au Magistère de l’Église qui bénéficie de l’assistance du Saint-Esprit.
Les musulmans croient que le Coran a été dicté directement de Dieu à Mahomet et qu’il est la révélation de Dieu mot à mot; il a donc valeur éternelle et universelle (Robinson & Rodrigues, 2006, p. 136; Esposito, 2001, p. 194; Van den Hengel, 2011, p. 207; Amor, 2008, p. 22). Il n’y a pas de magistère pour l’interprétation authentique; les érudits s’intéressent aux ‘circonstances’ de la révélation pour comprendre les textes. La mention des versets ‘abrogés’ et abrogeants’ pose des questions complexes : « Si nous abrogeons un verset quelconque » (Sourate 2, 106); « quand Nous remplaçons un verset par un autre » (Sourate 16, 101). Au Coran, on joint la biographie de Mahomet (Sira) et les nombreux Haddith (paroles) qu’on dit avoir conservé de lui, dans des recueils (dont le principal, celui de Bukhari, compte 9 volumes).
Dans l’islam, c’est un honneur important que de connaître le Coran par cœur en arabe (Esposito, 2001, p. 195; Amor, 2008, p. 22). Chez les catholiques, il est plus important de connaître l’esprit de la Bible que de l’apprendre par cœur (CÉC 108); avant l’invention de l’imprimerie, certains anciens savaient par cœur le livre des psaumes, ou encore un Évangile; mais une telle pratique n’est ni fréquente ni obligatoire.