Judaïsme

Le judaïsme est à l’origine du christianisme. Jésus était juif, ainsi que ses premiers disciples. Plusieurs de nos traditions et croyances catholiques y trouvent leurs racines. Cela dit, les deux religions évoluent séparément depuis presque deux millénaires. Il existe des similitudes fondamentales; il existe aussi des différences importantes. Ces éléments sont détaillés ci-dessous et catégorisées pour contribuer à la clarté.

epa03619945 An Israeli Jewish woman lays down a Torah scroll (C) during a prayer session near the Western Wall in the Old City of Jerusalem, Israel, 12 March 2013. The prayers, attended by hundreds of women, marked the beginning of the Hebrew month of Nisan.  EPA/ABIR SULTAN

Le divin

Les catholiques partagent un même Dieu avec les juifs, YHWH, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Ce Dieu est le créateur de l’univers et il est unique; il y en a un seul. Il a conclu une alliance avec Abraham et il accompagne son peuple depuis. Ce Dieu que nous partageons intervient dans l’histoire, dans le temps, dans le monde des vivants. Dans les deux cas, ce Dieu est éternel. Il existe hors du temps (Azria, 1996, p. 9; Chalier & Faessler, 2001, p. 25); (CÉC 54-64).

Ce Dieu des chrétiens et des juifs est unique. Il n’y en a pas d’autre (Azria, 1996, p. 9); (CÉC 200).

Les catholiques et les juifs partagent la croyance en un Dieu qui se révèle, qui se fait connaître, à travers son action dans l’histoire et à travers sa Parole (Azria, 1996, p. 12; Comeau, 1998, p. 98; Van den Hengel, 2011, p. 126); (CÉC 52).

Les catholiques et les juifs cultivent une relation individuelle et communautaire avec Dieu. Les deux lui donnent des noms et des titres : Le Très-Haut, le Miséricordieux, le Saint, etc. (CÉC 203-204); (Van den Hengel, 2011, p. 142).

Pour les catholiques, Dieu est unique EN TROIS PERSONNES. Dieu est Père, Fils et Esprit Saint. C’est la Sainte Trinité (CÉC 253-255). Dieu s’incarne en la personne de Jésus pour se révéler pleinement et rassembler l’humanité en son Royaume. Il est l’Emmanuel, Dieu avec nous. Pour les juifs, Dieu est une seule personne. Il a un esprit, mais l’esprit n’est pas Dieu. Sa Parole est active et agissante, mais elle n’est pas Dieu. Lorsqu’on parle des fils de Dieu, ce sont les humains (Jacobs & Philipson, 1906).

Dieu a révélé son nom à Moîse (Ex 3, 14) : YHWH; en hébreu on n’écrit pas les voyelles. Les juifs ne prononcent jamais le nom de Dieu, car il est considéré trop saint pour franchir les lèvres d’un être humain (Azria, 1996, p. 9). Lorsqu’un juif arrive sur le nom YHWH dans un texte sacré, il remplace le nom par un titre, tel Adonaï (Seigneur) ou El (Dieu) (Van den Hengel, 2011, p. 130). Les catholiques, de leur côté, n’ont pas cet interdit pour la prononciation du nom de Dieu; ils doivent évidemment éviter de le blasphémer, de l’utiliser en vain (2e commandement); ils le prononcent toutefois ainsi dans leur prière personnelle comme dans la liturgie, en disant en particulier Seigneur, Père, Fils, Esprit; Jésus est en fait venu révéler que Dieu est Père (Jn 17, 3). Par respect pour la tradition juive et à la demande du pape Benoît XVI en 2008, on n’emploie pas le mot YHWH dans les eucharisties et les liturgies catholiques (Bourdin, 2008).

La prière

La prière des psaumes est fondamentale dans la pratique des catholiques comme des juifs (CÉC 2586). Lorsque les juifs prient le matin, le midi et le soir, ils récitent des bénédictions et des psaumes. Lorsqu’ils se rencontrent à la synagogue, la récitation des psaumes fait partie de l’ordre de la liturgie. Les psaumes font partie de l’héritage fondamental de l’identité juive (Weintraub, 2012).

Les catholiques ont gardé cette tradition juive jusqu’à nos jours. Lors de chaque eucharistie, un psaume est récité après la première lecture (SC 24; SC 30); un verset est souvent proposé commen antienne d’ouverture ou de communion. En continuité avec Jésus qui a prié les psaumes et qui a enseigné à ses disciples à y lire son mystère (Lc 24, 44), la prière de l’Église, appelée « Liturgie des heures », est construite autour de la récitation des 150 psaumes, répartis sur un mois, à cinq différents moments de la journée (matin, soir, milieu du jour, avant le coucher, à un autre moment au choix) (SC 91); on y trouve aussi différents extraits de la Bible et de textes de saints. Les prêtres sont tenus de prier cette liturgie à tous les jours, et les religieux et les religieuses aussi la font d’une manière ou d’une autre (PGLH 28), de même que les fidèles laïques qui le veulent. La vie des moines et moniales est bâtie autour de cette prière des psaumes qui encadre et donne un rythme à leur journée; les psaumes sont récités en pleine nuit pour attendre l’aurore, comme des veilleurs qui attendent le retour du Christ (PGLH 72). Ils sont récités au lever du soleil (PGLH 37-38), en matinée, à midi, en après-midi (PGLH 74), au coucher du soleil (PGLH 39), et avant le coucher (PGLH 84).

Il y a, dans la tradition catholique et la tradition juive, des pratiques mystiques qui conduisent à une union profonde et personnelle avec Dieu (CÉC 2014). Dans le catholicisme, on peut penser à des grands mystiques comme Sainte Thérèse d’Avila, Sainte Catherine de Sienne et Saint Jean de la Croix. Dans le judaïsme, il y a la pratique de la Kabala, une sorte de contemplation de l’infini et du fini et de la relation entre les deux (Van den Hengel, 2011, p. 106).

Tous les juifs apprennent à lire l’hébreu. En principe, un juif doit lire assez bien pour chanter un passage devant l’assemblée lors de son bar mitzvah (Esposito, Fasching, & Lewis, 2002, p. 139). Il n’y a pas si longtemps, c’était le cas des catholiques aussi, en remplaçant l’hébreu par le latin. Cependant, depuis le Concile Vatican II, les catholiques n’ont pas nécessairement d’autres langues à apprendre afin de participer pleinement à la vie de la communauté catholique. La prière et la liturgie officielles sont célébrées dans la langue correspondant à la langue  parlée par la communauté locale (SC 36.2). On conserve certains chants latins pour préserver le patrimoine liturgique et surtout pour favoriser la participation lors des grandes célébrations internationales, où le latin peut favoriser l’unité.

La morale

Pour les catholiques comme pour les juifs, il est important de vivre selon la volonté de Dieu, signifiée de façon éminente par le décalogue (les dix paroles, les dix commandements : Ex 19), révélé à Moïse sur le Sinaï et expression fondamentale de l’alliance entre Dieu et son peuple. Pour les deux, les Écritures saintes sont la référence dans le domaine, bien que les catholiques et les juifs ont leurs propres traditions d’interprétation (CÉC 1693, 1950); (Van den Hengel, 2011, p. 134).

La valeur fondamentale du catholicisme est la même chez les juifs : la vie. La vie humaine est sacrée du moment de la conception jusqu’au moment de la mort naturelle (GS 51; CÉC 1930-1931); (Van den Hengel, 2011, p. 136).

Les deux religions sont d’accord pour dire que le grand problème de l’être humain est le péché. Ils reconnaissent la liberté de l’humain d’agir selon sa conscience et le choix de dire oui ou non à Dieu (CÉC 1850-1851; GS 2, 13-14); (Van den Hengel, 2011, p. 136).

Pour les catholiques, Jésus est la référence première pour tous les aspects de la vie (CÉC 1701, 1698). Saint Paul affirme que toutes les lois se résument en Jésus (Rm 10, 4; Ga 3, 27). C’est pourquoi il est recommandé aux catholiques de développer une relation personnelle avec la personne de Jésus, à l’aide des Écritures et de l’enseignement de l’Église (CÉC 1848, 2558, 2564-2565). Le guide moral pour les juifs est la collection de 613 lois (mitzvot/mitzvah) données par Dieu dans la Torah. Pour s’assurer de vivre une vie conforme aux normes morales, il est recommandé d’étudier toujours plus la Torah, la Mishna et le Talmud, et de les intégrer (Van den Hengel, 2011, pp. 133-134).

Le pardon des péchés se vit différemment dans les deux religions. Chez les catholiques, on invite à l’examen de conscience régulier; chaque messe débute par un acte pénitentiel pour la rémission des péchés quotidiens. En conformité avec l’Évangile, les fidèles doivent se réconcilier avec leurs frères avant de présenter leur offrande (Mt 5, 23-24); Jésus propose aussi des règles précises pour la réconciliation entre les gens (Mt 18, 15-18). Les catholiques ont à leur disposition le sacrement du pardon pour se réconcilier avec Dieu et l’Église. Dans sa forme la plus commune c’est une rencontre avec un prêtre, où la personne reconnaît les péchés qu’elle a commis; elle exprime son regret et son désir de ne plus recommencer; elle reçoit l’absolution. Le prêtre indique un chemin de réparation (CÉC 1440; LG 11). Chez les juifs, par contre, Dieu ne peut pardonner que les péchés commis contre lui, tels les bris de commandements, l’idolâtrie, etc. Pour les péchés commis contre les autres, l’individu est tenu d’aller demander pardon directement à la personne blessée. Au début de l’année suivante, lors du jour du Yom Kippour (le jour du pardon), Dieu regarde qui dans son peuple porte des blessures ou des conflits non résolus, et il prend ces faits en considération avant d’inscrire les noms dans le livre de la vie et le livre de la mort pour l’année qui commence. C’est donc l’occasion par excellence de demander pardon aux personnes blessées pendant l’année (Van den Hengel, 2011, p. 119; Robinson & Linville, 2006, p. 67).

Le temps

Dans le catholicisme comme dans le judaïsme, on croit que le temps est linéaire, c’est-à-dire que le monde a un début et qu’il progresse vers sa fin. Dieu seul connaît le moment de la fin (CÉC 53-64); (Robinson & Linville, 2006, p. 62).

Les deux religions marquent le passage du temps par des rites et des pratiques particulières. Une de ces pratiques est de consacrer une journée à Dieu par la prière, la réflexion, le repos et le temps en famille : le sabbat ou le dimanche (3e commandement) (Heschel, 1975, p. 14; Van den Hengel, 2011, p. 117). La manière et les raisons de pratiquer cette coutume diffèrent selon les traditions, mais elles s’accordent toutes les deux sur l’importance de le faire (Azria, 1996, p. 43); (CÉC 2174-2188).

En plus de cette journée complète consacrée à Dieu, les catholiques marquent les heures de la journée par la prière des psaumes dans la liturgie des heures (CÉC 2698; SC 86-88; PGLH 11). Cette prière prend ces origines dans la pratique juive qui consiste en la récitation des psaumes et des bénédictions à des heures précises de la journée (Arsenault, 2014; Schenker, 1986, p. 112), selon la tradition liturgique du Temple.

Les catholiques gardent une journée spéciale dans la semaine. Parfois on peut entendre dire que le dimanche est le sabbat pour les catholiques. Ce n’est pas le cas (CÉC 2175). Le dimanche est appelé « Jour du Seigneur » et il lui est consacré (CÉC 2174). Le dimanche est le premier jour de la semaine, jour où Jésus est ressuscité d’entre les morts. Les catholiques, comme tous les chrétiens, célèbrent et font mémoire de la résurrection du Christ. C’est pour cela qu’ils se rencontrent à l’église le dimanche. C’est une grande fête à chaque semaine, pour laquelle il vaut la peine de laisser de côté les autres préoccupations. Bien qu’il soit encore officiellement jour de repos (CEC 2184), où le travail est laissé de côté pour aller à la messe et pour être en présence de Dieu, de nos jours plusieurs catholiques négligent cette dimension; puisque les magasins sont ouverts, certains ont tendance à faire toutes les tâches négligées pendant la semaine. Les juifs consacrent le samedi au repos. Le samedi est appelé sabbat (shabat) en hébreu. Le samedi se trouve à être le septième jour de la semaine, jour que Dieu a consacré au repos après les 6 jours de la création. Ce septième jour est perçu comme faisant partie de la création, car Dieu a créé ce jour et il l’a sanctifié. C’est d’ailleurs la première chose que Dieu a sanctifié. Il a vu que ses œuvres étaient bonnes, il a béni sa création, mais il a sanctifié un jour, il a sanctifié le temps (Heschel, 1975, p. 75). Ce repos est donc sacré. Ce repos est total : aucun travail, aucune tâche ménagère, aucune conduite d’un véhicule, aucune transaction impliquant de l’argent, etc. Pour les juifs les plus religieux, on ne doit pas allumer de lumière ni d’appareil électrique, ni marcher plus d’une certaine distance. Il y a une seule exception à cette règle : la nécessité d’exécuter une tâche défendue pour sauver la vie d’une personne ou d’un animal, car la vie a la priorité sur toute autre considération. Bien sûr, le degré auquel un juif individuel adhère au shabat varie. Mais les règles sont là, et elles viennent de la Torah, soit écrite ou orale (Heschel, 1975, p. 14; Van den Hengel, 2011, p. 117).

Une autre distinction qui peut se faire concerne le calendrier. Tandis que les catholiques utilisent le calendrier grégorien (basé sur celui des Romains, appelé ‘julien’, corrigé en 1582), un calendrier solaire dont les années sont comptées à partir de la naissance de Jésus, les juifs utilisent un calendrier qui combine les facteurs lunaires et solaires et qui commence à compter à partir de la création, telle que calculée par les marqueurs de temps dans la Bible hébraïque. Jusqu’au 13 septembre 2015, selon ce calendrier, nous sommes dans l’année 5775. Les mois du calendrier hébraïque sont : Tishri (qui correspond à peu près au mois de septembre du calendrier grégorien), Heshvan, Kislev, Tevet, Shevat, Adar, Nisan, Iyar, Sivan, Tammuz, Av et Elul. Pour combler l’écart entre les années solaire et lunaire, on ajoute un treizième mois à sept années lunaires sur dix-neuf (Azria, 1996, p. 42; Robinson & Linville, 2006, p. 66).

Les fondements

Le catholicisme et le judaïsme sont des religions de salut : les deux proposent à leurs membres des chemins pour être sauvés. Dans les deux cas, ce salut est donné par Dieu par l’entremise d’un messie – un choisi, un envoyé, un consacré. Pour les catholiques, ce messie est Jésus de Nazareth, le Christ. Pour les juifs, le messie doit encore venir. Alors que les catholiques attendent le retour du messie (CÉC 673-674), les juifs attendent sa première venue (CÉC 389, 1949); (Van den Hengel, 2011, p. 105).

Les deux croient à l’immortalité de l’âme et à la récompense ou à la punition à la fin des temps. La théologie chrétienne à ce sujet est beaucoup plus élaborée, car celle des juifs concerne beaucoup plus la vie actuelle que la vie du « monde à venir » (Azria, 1996, p. 48); (CÉC 678-679, 1003-1004, 1020).

Le catholicisme trouve son identité dans la mort et la résurrection de Jésus qui libère les humains de la mort causée par le péché (CÉC 654). Le judaïsme doit son développement et son identité à l’évènement de la sortie d’Égypte et à l’alliance du Sinaï, grâce à Moïse, qui a amené le peuple hébreu, esclave en Égypte, à se tenir debout et à se laisser libérer par Dieu. La sortie d’Égypte, la traversée de la mer Rouge et les quarante ans passés au désert sont devenus l’évènement fondateur du judaïsme. Les juifs trouvent leur identité dans le fait d’avoir été libérés de l’esclavage par le Dieu unique qui voit leur souffrance et en fait son peuple élu (Azria, 1996, p. 12; Van den Hengel, 2011, p. 130).

Pour les catholiques, Jésus est le messie envoyé pour nous sauver non seulement de la servitude de l’esclavage mais de celle du péché et de la mort (CÉC 457). Il est né d’une vierge, Marie (CÉC 507; LG 63), il a prêché et fait des miracles pendant trois ans (CÉC 547-550), il a été condamné à mort et tué sur une croix (CÉC 601). Dieu l’a ressuscité d’entre les morts pour nous donner la Vie (CÉC 655).

Pour les juifs, le messie n’est pas encore venu, et ils attendent le jour où la promesse de Dieu sera accomplie (Van den Hengel, 2011, p. 105).

Pour les catholiques, la foi est fondamentale pour le salut. Nous sommes sauvés par notre foi en Jésus Christ (CÉC 161), démontrée dans nos œuvres (CÉC 1992; Rm 3, 22; Jc 2, 18). Pour les juifs, c’est la pratique droite des commandements de Dieu qui sauve. Les juifs sont appelés à « marcher dans la voie du Seigneur » (Mi 6, 8). Pour les aider, Dieu leur donne 613 commandements selon lesquels ils doivent vivre pour demeurer dans la volonté de Dieu (Azria, 1996, p. 17; Van den Hengel, 2011, pp. 134-135).

Rites & fêtes

Chacune des religions a un ensemble de rites pour marquer le passage d’une étape de la vie à une autre. Un accueil dans la communauté ou dans le peuple plus large, des rites pour le passage à l’âge adulte, le mariage, les rites entourant la mort.

Il existe une certaine ressemblance entre le culte de la synagogue et la célébration de l’Eucharistie. En effet, la première partie de la messe reprend le déroulement de la célébration à laquelle Jésus lors de sa visite à la synagogue de son village (Lc 4, 16-22) : les fidèles sont rassemblés, on proclame un extrait de la parole de Dieu, on effectue un commentaire pour en montrer l’actualité. Avec la classification ‘Ancien Testament’, la liturgie catholique proclame les mêmes textes que les fidèles juifs utilisent toujours en hébreu; elle leur en joint d’autres issus des milieux grecs de la diaspora (deutérocanoniques).

Les catholiques ont les sacrements qui sont signes concrets de l’action de Dieu (CÉC 1118), dans leur vie quotidienne,lors de différentes étapes dans leur vie humaine et de leur vie de foi (SC 59). Ils sont les sacrements d’initiation : le baptême (CÉC 1213), la confirmation (CÉC 1285) et l’eucharistie (CÉC 1322-1333); les sacrements de guérison : le pardon (CÉC 1422) et l’onction des malades (CÉC 1499); et les sacrements d’engagement : le mariage (CÉC 1601) et l’ordre (CÉC 1536)Les juifs n’ont pas de sacrements, mais des rites de passage. La circoncision (bris) est le signe de l’appartenance d’un garçon au peuple élu et se fait au 8e jour après la naissance; le bar mitzvah pour les garçons et le bat mitzvah pour les filles signifie le passage à l’âge adulte et la responsabilité dans la communauté de la synagogue; le mariage qui établit une alliance entre un homme et une femme et qui ouvre la possibilité à la famille (Azria, 1996, p. 43; Van den Hengel, 2011, pp. 120-121; Robinson & Linville, 2006, pp. 70-72).

Les catholiques et les juifs célèbrent des fêtes complètement différentes. Pâques peut parfois porter à confusion, ainsi que Channukah, à cause de sa célébration souvent près de Noël. Mais Pâques pour les chrétiens n’est pas la Pâque juive et Channukah n’est pas le « Noël des juifs ».
Pour les juifs, la Pâque est la commémoration de la sortie d’Égypte. Ils font mémoire de cette nuit fondamentale en fêtant un souper appelé Seder, où tous les éléments sont symboliques : des herbes amères pour rappeler l’amertume de l’esclavage, du pain sans levain pour rappeler que la fuite a dû se faire rapidement, sans laisser le temps au pain de lever, entre autres (Van den Hengel, 2011, p. 118); ils mangent aussi un agneau apprêté de façon particulière.

Pour les catholiques, Pâques c’est la célébration de la résurrection du Christ, précédée par le carême et par la semaine sainte, qui rappelle l’arrestation de Jésus, sa mort et sa mise au tombeau de Jésus (SC 102). C’est cependant dans le contexte de la célébration de la Pâque juive que Jésus institue son propre repas pascal (l’Eucharistie); le passage qu’il instaure n’es pas celui de la sortie de l’exclavage en Égypte, mais la sortie de l’exclavage du péché et de la mort; au lieu de l’agneau pascal que consomment les convives, c’est lui-même qui devient le nouvel agneau pascal, dans le sang duquel est établie l’alliance nouvelle et éternelle. Il y a certes un lien entre les deux Pâques : les deux impliquent un passage d’une certaine mort à une nouvelle vie, mais ce que l’on célèbre, ce sont deux évènements différents.

Signes & symboles

Le pain et le vin jouent un rôle central dans les deux religions, même si leur signification diffère. Pour les catholiques, le pain et le vin de l’eucharistie deviennent respectivemment le corps et le sang du Christ versé pour la multitude (CÉC 1323; SC 47). Pour les juifs, le pain azyme est employé lors du repas pascal; le vin représente la bénédiction, la joie, la plénitude et le spirituel (Van den Hengel, 2011, p. 142).

La lumière, tant du soleil que d’une bougie, est importante pour les catholiques et pour les juifs. Elle rappelle la promesse de vie faite par Dieu (Jn 1, 9-10; Is 9, 1). Elle représente aussi la constance de l’attente, la prière offerte, la présence de Dieu ou la présence devant Dieu (CÉC 2730).

Le grand symbole du christianisme : la Croix, qui rappelle la mort du Christ. Les gens la portent autour du cou, la placent sur les murs de leurs maisons, les clochers des églises, les tombes des défunts.

D’autres signes sont aussi utilisés :

  • Le chapelet (sa récitation sous la forme du rosaire en 150 ‘Je vous salue, Marie’ rappelle les 150 psaumes).
  • Les images saintes, statues : interdites dans le judaïsme, elles sont autorisées en vertu de l’Incarnation du Christ, Dieu qui s’est rendu visible à nos yeux.
  • Le tabernacle des églises; lieu de la conservation et de la vénération du Saint-Sacrement. Prolongation probable de l’arche d’alliance que les juifs avaient autrefois.
  • Le cierge pascal qui évoque le Christ ressuscité, de même que la colonne de lumière qui accompagnait les Hébreux lors du passage de la Mer Rouge. Tout cierge allumé évoque aussi le Christ, lumière du monde.

Les grands symboles pour le judaïsme sont (Van den Hengel, 2011, p. 122) :

  • La ménorah – un candélabre à sept branches employé dans le Temple. Il symbolise la vocation du peuple d’Israël à être lumière des nations. Les ménorahs d’aujourd’hui ont habituellement six branches pour éviter de reproduire un objet du Temple. La ménorah de Channukah a huit ou neuf branches, car la fête commémore les huit jours où l’huile d’une seule journée a suffi pour garder la ménorah du temple allumée en temps de guerre et de pénurie d’huile. La neuvième branche est celle du milieu et n’a pas de signification autre que l’équilibre esthétique.
  • La mezouza – un petit cylindre contenant le shema (Écoute Israël, le Seigneur est notre Dieu, le Seigneur est un.) fixé dans les cadres de portes d’une maison juive. Lorsque le juif entre dans une pièce, il touche l’objet et récite le shema comme rappel de son Dieu.
  • Les philactères (ou tefilin) – Des boîtes contenant des versets de la Torah qu’un juif attache sur son front et sur son bras pour garder les commandements de Dieu dans son intelligence et dans son cœur (celui du bras est près d’une artère où l’on sent facilement le pouls).
  • Les tzitzit – les fils de la frange d’un châle qu’un juif porte soit pour la prière, soit en tout temps. Il y a 613 fils, rappelant les 613 commandements que le juif doit suivre et accomplir.
  • L’étoile de David – une étoile à six pointes, formée par deux triangles inversés. Il y a beaucoup de symbolisme attribué à cette forme, mais l’étoile de David est relativement récente et n’a été reconnue de façon populaire que lorsqu’elle est devenue le symbole reconnu du Sionisme, mouvement politique visant à créer un état juif en terre promise.

Les textes sacrés

Les catholiques et les juifs partent de la même base : la Bible hébraïque, appelée Ancien Testament, ou Premier Testament par les catholiques et les autres chrétiens (NA 4). Cette collection d’écrits comprend la Torah (Pentateuque) – les cinq premiers livres de la Bible, là où se trouve toute la Loi juive; les Nevi’im (les prophètes); et les Ketuvim (les écrits) – formant le titre Tanakh (DV 14-15). Bien que la Bible hébraïque contienne 39 livres et l’Ancien Testament catholique en contienne 46, il s’agit néanmoins de la même base (Van den Hengel, 2011, pp. 125-126; Robinson & Linville, 2006, p. 92); les sept livres supplémentaires sont les ‘deutérocanoniques’ – écrits dont les chrétiens ont reconnu l’inspiration, rédigés principalement en langue grecque dans des communautés hébraïques de la diaspora.

Les catholiques et les juifs ont en commun le recours à un texte écrit et à une tradition orale. Pour les catholiques, il y a, d’une part, les Écritures Saintes, et d’autre part, la Tradition, c’est-à-dire l’interprétation des Écritures, l’enseignement de l’Église et l’exemple des communautés chrétiennes précédentes. La Tradition orale a éventuellement été écrite pour la préserver, mais elle était vivante bien avant d’être mise par écrit (DV 9). Pour les juifs, il y a la Torah, qui constitue l’enseignement écrit, ainsi que la Halakhah, qui constitue l’enseignement oral, reçu sur le Sinaï en même temps que la Torah (Van den Hengel, 2011, p. 133). La Halakhah doit amener les juifs à sanctifier leur vie, à vivre une vie de sainteté selon la volonté et les commandements de Dieu. La Tradition de l’Église cherche le même but : amener les catholiques à vivre une vie sainte en vue du salut.

Les textes sacrés sont lus individuellement à la maison et collectivement lors de célébrations officielles et rencontres d’étude ou de prière (DV 25; CÉC 131-133).

En plus de l’Ancien Testament, les catholiques ont aussi le Nouveau Testament. Ces vingt-sept livres traitent de la vie, la mort et la résurrection de Jésus, ainsi que de la vie et la foi des premières communautés chrétiennes (DV 17-20; CÉC 124-127). Puisque les juifs ne croient pas que Jésus est le Messie, le Nouveau Testament n’est pas retenu dans leur tradition. Les juifs ont plutôt le Talmud et la Mishna. Le Talmud est un livre qui demeurera toujours incomplet. Il contient les réflexions de rabbins depuis plusieurs siècles sur les textes de la Torah. Sa fonction est d’interpréter les textes fondamentaux et de tisonner le débat. Il demeure incomplet parce qu’il y aura toujours une interprétation à ajouter selon le contexte vécu de l’interprète. Essentiellement, le Talmud sert de guide d’étude et de débat pour mieux comprendre comment vivre selon la volonté de Dieu et appliquer les commandements de la Torah (Van den Hengel, 2011, p. 133). S’il y avait une comparaison à faire, on pourrait dire que, comme l’Ancien Testament et le Nouveau Testament se lisent un en fonction de l’autre (le NT est un outil pour interpréter l’AT et vice-versa) (CÉC 129), le Talmud est informé par la Torah et la commente à son tour. Le Nouveau Testament et le Talmud sont comme des lunettes avec lesquelles on peut voir le texte (Robinson & Linville, 2006, pp. 92-93).

Le texte des Écritures employé par les catholiques lors de la liturgie est imprimé dans un livre appelé Lectionnaire (PGMR 128); l’Évangéliaire est un livre liturgique particulier qui recueille les passages évangéliques proclamés lors des dimanches et fêtes; il bénéficie d’honneurs spécifiques : il est porté solennellement lors de la procession d’entrée, puis déposé sur l’autel; lors de la proclamation de l’Évangile, il est accompagné de cierges et d’encens; la proclamation du texte évangélique est réservée au ministre ordonné (diacre ou prêtre).

Le texte des Écritures employé par les juifs à la synagogue est calligraphié à la main sur des rouleaux de parchemin, rangés dans une grande armoire (l’arche) remplissant essentiellement le même rôle que le tabernacle dans les églises catholiques contenant la réserve eucharistique (Van den Hengel, 2011, p. 124).

Les catholiques peuvent choisir de lire ou de chanter les textes sacrés de la liturgie (particulièrement l’Évangile et le psaume), et à moins d’une circonstance particulière, les textes sont proclamés dans la langue de la communauté (SC 36); dans les célébrations présidées par le Pape, l’Évangile est souvent chanté en latin et en grec, en rappel des origines de l’Église et en signe de son universalité. Dans la liturgie juive, les Écritures sont récitées ou chantées en hébreu (Robinson & Linville, 2006, p. 74).